La semaine de la francophonie démarre aujourd’hui, l’occasion de prendre mon bâton de pèlerin et de partager avec toi les 5 raisons principales de mon tendre attachement pour la langue de l’amour.
1. Pour la diversité
« Imposer sa langue c’est imposer sa pensée ». Ce n’est pas de moi, c’est Claude Hagège et en gros ce qui suit aussi:
« Les américains ont voulu imposer l’idée selon laquelle un livre ou un film devraient être considérés comme n’importe quel objet commercial. Ils ont compris qu’à côté de l’armée, du commerce, de la diplomatie, il existe aussi une guerre culturelle. Le formatage des esprits est le meilleur moyen d’écouler les produits américains. Le cinéma représente leur poste d’exportation le plus important, d’où leur volonté d’imposer l’anglais comme langue mondiale. Les classes dominantes sont souvent les premières à adopter le parler de l’envahisseur. Elles espèrent bénéficier symboliquement de leur prestige et se convainquent de l’infériorité de leur propre culture. Ils ont l’impression d’être modernes, au-dessus du peuple, alors qu’ils sont juste américanisés » fin de citation. En gros le français est ringardisé par nos élites.
La musique connaît une homogénéisation progressive depuis 50 ans. Ici on s’intéresse au texte et l’anglais est clairement surreprésenté. On finirait par croire que c’est la seule et unique langue de la musique. Il faut réintroduire d’autres langues comme l’allemand, l’espagnol, le portugais, l’islandais, le flamand et évidemment… ma patrie : le français !
2. Parce que la notoriété des groupes belges francophones qui chantent en anglais ne dépasse pas le signal de botrange
L’artiste qui veut conquérir un maximum de territoires, s’exporter dans le monde, chante en globbish (j’ai découvert ça sur internet, c’est un mot-valise qui combine « planétaire » et « english »). Moi j’appelle ça de l’anglais d’aéroport quoi. C’est une version simplifiée de l’anglais et souvent l’accent va avec !
Les artistes qui ont percés en imitant ce qui se faisait aux EU, souvent jusqu’à la caricature, se comptent sur les doigts d’une main. Pour la grande majorité des autres, malgré parfois un réel succès local, c’est le mépris à l’étranger. On parle donc de microphénomène.
3. Parce que c’est notre patrimoine
Au même titre que la Bossa-Nova au Brésil, la chanson française est un savoir-faire local qui a connu un rayonnement international dans l’après-guerre. Piaf a chanté à New-York et Bowie a repris Amsterdam.
La chanson française fait partie de nos saveurs, nos talents, nos atmosphères. En la mettant en évidence on encourage ceux qui pourraient faire preuve de talent, d’envergure, qui pourraient manifester des idées nouvelles.
On crée une filière qui génère des revenus, qui fait revivre toute une industrie. On redevient exportateurs de culture en enrichissant notre patrimoine. On est gagnant sur toute la ligne.
4. Par insoumission face à l’hégémonie anglo-américaine
On annonce 800 millions de francophones d’ici 2050 (l’Afrique subsaharienne et équatoriale est en plein essor, c’est un véritable eldorado) et le français a tous les atouts d’une grande langue : langue officielle à l’ONU, dans l’Union européenne, à l’UNESCO, à l’OTAN, au Comité International Olympique, à la Croix Rouge Internationale. Le français est la langue des trois villes sièges des institutions européennes : Strasbourg, Bruxelles et Luxembourg. C’est la langue de la culture, des grands penseurs, des grands auteurs. C’est la 3ème langue sur Internet.
5. Parce que les textes en français sont de bien meilleure qualité
C’est d’ailleurs un problème : écouter une chanson en anglais en fond en travaillant c’est possible. Dès qu’on passe au français, le texte nous interpelle, nous déconcentre. La qualité du texte c’est le petit plus de la chanson française. Et on a une sacré longueur d’avance. Un exemple ?
Et toi, dis-moi dans les commentaires ce que tu penses de l’importance de chanter en français ? As-tu des idées concrètes de résistance à suggérer ?
A bientôt!
Olivier Juprelle, auteur/compositeur/interprète en chanson française